Christiane Charette recevait jeudi matin l'éditeur en chef du Nightlife Magazine Thomas Leblanc et la designer graphique Noémie Darveau (graphiste de la belle pochette du dernier Tricot Machine) pour se défendre en tant que «hipsters» face à Nicolas Langelier, qui avait signé il y a quelques années le texte «Omnikrom le cul-de-sac». Le débat ici.
Les arguments: hédonisme avant-garde et boulimie socio-culturelle v. une critique à la Lipovetsky sur la société du vide.
Je crois que si on creusait un peu, on verrait que le vide que je dirais «hard», celui dont parlent Lipovetsky et Langelier, est très marginal, même au sein de l'avant-garde hédoniste, et n'intéresse que quelques intellectuels français. Charles Taylor souligne pertinemment que ce «vide» n'est qu'un pendant des gains de l'individu depuis la Renaissance (Grandeur et misère de la Modernité).
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5 commentaires:
Faudrait que tu développes. Ton propos est intéressant.
Effectivement, on peut ressortir ces aspects, mais en mon sens, la discussion n'a tout simplement pas couvert tous les aspects escomptés pour décrire avec pertinence et bonne amplitutde le mouvement hipster. Je peux la qualifier d'échange sur le thème, ouverture vers le sujet... analyse en survol spontanné des comportements et quelques habitudes. En ce qui concerne le vide, je crois personnellement que plus le pouvoir de consommation augmente au sein de la société, plus cette sensation de perte d'identité et de vide peut se manifester avec force, notamment auprès des jeunes générations issues de milieux aisés qui ne connaissent en rien le passé de leur parents, des autres qui ont potentiellement déjà souffert de réalités plus dûres et relatives à la condition humaine de survie dans le passé... vivant dans un tout autre monde, une nouvelle ère qui imposera bientôt de nouvelles valeurs et moins d'attachement à la souffrance reliée à la pauvreté pour certaines personnes... écart riches et pauvres... issue de la planète un peu cul-de-sac. Thème de l'échec de la civilisation... le comportement hipster est seulement différent de ceux qui consomment ou se consument autrement pour oublier. Qu'en est-il donc de ce vide évoqué par M. Taylor ? En accord avec Véro B pour la demande.
Petit ajout...
Les hipsters et autres jeunes d'avant-garde actuels jouent beaucoup avec la notion du succès, de la réussite, et de l'image.
En fait, ils prennent l'image et le comportement qui s'en suit pour critiquer l'accomplissement, les grandes réalisations, les gros événements, mass culture.
Ils en rient parfois naïvement, ironisent le tout, pour essayer de refuser la pression que représente ces valeurs fortement encouragées en société.
Il sera peut-être intéressant de constater, si la crise économique peut prendre une certaine ampleur, comme Nicolas le soulignait, quelles en seront les conséquences sur ce spleen.
Qui sait.
Charles Taylor = top 10 philo heroes.
Quelques développements d'accord...
D'abord, je ne pense pas qu'il y ait équation entre abondance matérielle et vide spirituel, pas plus que l'inverse d'ailleurs.
On est aujourd'hui davantage remis à nous-mêmes pour répondre à nos propres questions existentielles. On peut penser qu'au fil de la modernité l'individu s'émancipe des systèmes totalisants (religieux, puis politiques). C'est tant mieux je crois. Mais les gens continuent de se poser les questions de la religion et de la politique et certains penseurs disent qu'ils sont confrontés à un vide. Mais le fameux vide n'est pas observable dans la population générale (hipsters inclus!). Les gens se posent des questions, de tout temps, par rapport à leurs grandes aspirations collectives. Et y trouvent des réponses. Quand je disais de «creuser un peu» pour voir que c'est pas si vide que ça, je pensais à ce qu'on appelle le «retour des religions», la cause de l'environnement, l'humanisme, la démocratie, voire l'Obamamanie: tous des systèmes de sens en ce qu'ils impliquent qu'on sera jugé dans le futur pour nos actes présents.
Certains, c'est vrai, sans système englobant au sens classique (religieux ou totalitaire), n'arrivent pas non plus à trouver de sens disons «fragmenté», et baignent dans un «vide» où existe souvent une bonne dose d'humour et de cynisme. Et puis? J'aime mieux Woody Allen, dans tout ce qu'il a de tordu, que l'aveuglement collectif religieux ou fasciste (si on veut parler d'extrêmes). Comme disait un collègue de philo dans l'temps: «De quel «plein» est-on nostalgique au juste?».
Chercher un discours de sens au sein du «mouvement» hipster (un mouvement? vraiment?), c'est ridicule. L'avant-garde est l'avant-garde et n'a pas besoin de philosophie du sens. Et de toute façon quand on essaie de trop rendre un mouvement artistique cohérent avec une philosophie particulière, c'est là qu'on est vraiment dans un cul-de-sac.
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